Vous avez certainement entendu parler du concept révolutionnaire Neptune Duo, un bracelet tactile qui sert de cerveau à un écran idiot, l’inverse du concept « téléphone intelligent qui fait le travail, montre qui affiche les notifications ».
Le concept vous emballe? Vous pouvez tout de suite réserver votre Neptune Duo en payant 500$ (plutôt que 800$!).
Parce je ne crois pas que le Neptune Duo va fonctionner aussi bien que prévu et qu’il révolutionnera quoi que ce soit. Et je serais vraiment étonné que ce soit livré comme prévu fin 2015.
Mise à jour: Dans l’article Neptune outs dumb screens, accessories for its weirdo wrist computer, on parle de début de livraison en février 2016…
Vous pouvez lire les détails et beaucoup de bémols sur le projet dans le billet de Maxime Johnson « Neptune Duo: il n’y en aura pas de facile » et dans cet article du site Les affaires (dont une photo porte la légende: « Difficile de déterminer si Simon Tian, pdg de Neptune Computer, est un génie ou un vendeur de voitures d’occasion 2.0 »).
Au delà des considérations logistiques majeures à régler (fabrication, distribution, certifications, mise au point du firmware…) l’autonomie est pour moi le point le plus invraisemblable. Même si sur le site (uniquement en anglais, thank you) de la compagnie québécoise on indique «Neptune Duo can last a few days of normal usage on a single charge. », je n’arrive pas à croire qu’un bracelet – avec un écran couleur tactile, un processeur 4 coeurs connecté en WiFi et en connexion cellulaire – peut fonctionner plusieurs jours sans recharge avec une pile de 1000 mAh.
Ça rappelle plusieurs produits qui n’ont pas eu de succès, mais aussi le téléphone Ubuntu Edge, un projet de téléphone qu’on pouvait brancher à un écran pour le transformer en ordinateur complet , mais qui n’a pas atteint ses objectifs de financement ambitieux, mais réalistes. J’avais d’ailleurs hâte de recevoir le mien.
D’ailleurs, les téléphones peuvent déjà être utilisés avec un clavier et une souris sans fil. On peut aussi afficher l’écran dans n’importe quel écran ou téléviseur avec un Apple TV ou un Chromecast… Et qui se donne la peine de le faire? Il est bien plus efficace de travailler avec un vrai portable ou une tablette. (Et je peux aussi mentionner l’applications Airdroid, très pratique pour accéder aux données de son téléphone de son ordinateur.)
Ça me rappelle aussi l’ExoPC, une tablette révolutionnaire québécoise lancée à peu près au même moment que le iPad. Elle devait même être fabriquée au Québec. Un beau projet. Quand je l’ai essayé, ça ressemblait encore à un mauvais prototype bâclé. La tablette est rapidement disparue dans la brume. (Si on suit le site exopc.com, on apprend que le créateur de l’ExoPC est maintenant responsable de la technologie pour une entreprise « dont la mission est de permettre aux entreprises et aux établissements d’enseignement de gérer leur information de façon sécuritaire ainsi que de permettre aux individus de communiquer leurs meilleures idées »).
Et puisqu’on y est, on peut aussi faire un parallèle avec le bracelet intelligent Puls de Will I am… « le pire produit que j’ai touché cette année » selon The Verge. Un produit moins ambitieux que le Neptune Duo, par un gars qui a beaucoup de ressources…
Mais vous me direz que les créateurs ont déjà mis en vente la montre Omate).
Avec le grand n’importe quoi du sociofinancement et l’enthousiasme pour les startups, n’importe qui peut maintenant rêver dans son sous-sol d’un produit révolutionnaire aux caractéristiques formidables. Mais livrer un produit concret à la hauteur de ses ambitions, c’est un peu plus compliqué. Pour un produit réussi comme la Pebble (qui n’est pas venu au monde sans problèmes!), il y a beaucoup de produits remplis de bonnes intentions, mais inutilisables (comme la montre intelligente autonome Omate) ou le Puls. Je prends donc avec un grain de sel un projet de produit révolutionnaire et plus performant que ceux conçus dans les laboratoires de recherche et développement de Samsung, Apple et Microsoft… David qui bat Goliath, ça peut arriver, j’y crois; mais ça demande plus que du positivisme et un bel enthousiasme…
P.
P.S. Et que dire de ceux qui m’invitent à faire connaître leur nouveau réseau social québécois qui permet de partager du contenu avec ses amis mieux que Facebook et Twitter…
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