MX-4D MX4D futur du cinéma 3D

Après la mode du 3D, le 4D est-il l’avenir du cinéma? On apprenait la semaine dernière que Warner Brothers s’associait avec MediaMation pour offrir 6 films avec la technologie MX-4D, mais qu’ils déployaient de nouvelles installations dans le monde, passant de 346 salles à plus de 400.

Est-ce que ça vous donnera plus envie d’aller au cinéma?

Qu’est-ce que le MX-4D?

Ce serait le futur du cinéma, rien de moins. Pourquoi se contenter de regarder un petit écran quand on peut vivre une expérience beaucoup plus immersive?

Pendant un film en MX-4D:

  • Notre siège va vibrer au rythme du film – simulant la sensation d’être en voiture, en avion, en bateau
  • Un « seat popper » pourra nous faire sursauter et donner une sensation de craquements
  • Un « back poker » pour simuler une explosion
  • Des « leg ticklers » (chatouilleurs de jambe?) pourront reproduire une marche dans un champ de blé… Si j’en crois la publicité!
  • Il y a même un chatouilleur dans le cou!
  • Des ventilateurs pourront s’activer pour simuler le vent, la vitesse ou le souffle d’une explosion
  • Des odeurs pourront être diffusées dans la salle (le retour de l’odorama!)
  • On peut diffuser de la fumée et de la brume dans la salle
  • On pourra même recevoir de la neige ou un jet d’eau s’il pleut!
  • Même des bulles de savon, pour l’atmosphère!

On peut imaginer comment un film d’horreur pourrait devenir très intense!

Mais si dans dans l’annonce avec la Warner Brothers on nommait deux films d’horreur – La malédiction de la femme blanche (Curse of the LLorona) et la suite du film IT, les autres films annoncés sont plus légers, des films grand public et pour enfants, comme Shazam!, à l’affiche en ce moment, le film LEGO 2. Des films comme Star Wars, Captain Marvel, Black Panther étaient déjà offerts en MX4D.

Les installations peuvent aussi être utilisées pour les activités de eSports – rendre un jeu vidéo beaucoup plus immersif!

Il n’y a pas encore de salle MX-4D au Québec; la seule salle de cinéma MX-4D au Canada est à Toronto, qui a ouvert en 2016! Configurer une salle coûterait autour de 2 millions de dollars. Et les billets sont plus coûteux: 24,99 CAD!

Même en réalité virtuelle

La compagnie travaille avec Sony sur des vestes haptiques – qui transmettent des sensations – qu’on pourrait porter pendant le film pour encore plus de frissons!

Au Québec: Triotech et D-Box

Si la technologie MX-4D semble familière et que le « futur du cinéma » a un petit air de déjà vu, c’est qu’on a déjà au Québec deux technologies similaires, bien établies: Triotech et D-box.

La compagnie D-Box propose depuis 20 ans (depuis 1998!) des sièges dotés d’actuateurs, qui permettent aux spectateurs de ressentir des vibrations et des mouvements synchronisés avec le film.

En réalité virtuelle?

En tournage à la Semaine numériQC à Québec, j’ai pu assister à une présentation de Pierre-Majorique Léger des HEC, « Comment réduire le cybermalaise de la réalité virtuelle ? » Le cybermalaise, c’est l’inconfort et la nausée similaire au mal des transports que ressentent certaines personnes quand elles utilisent des casques de réalité virtuelle. Un gros obstacle à l’adoption de la technologie!

Bonne nouvelle: en collaboration avec D-Box, les chercheurs ont démontré qu’utiliser des sièges qui simulent le mouvement synchronisé à ce qu’on voit dans ses lunettes de réalité virtuelle rendrait l’expérience plus immersive et plus confortable. On va même enregistrer les sensations de spectateurs pour mieux comprendre (et éventuellement reproduire!) ce qu’on ressent en salle, en plaçant des capteurs sur des gens qui vont voir l’opéra Carmen à l’Opéra de Montréal – qu’on va comparer avec l’expérience d’écouter le même opéra à la maison…

« l’équipe de D-Box croit qu’il serait possible de faire vivre une expérience similaire aux spectateurs durant une prestation qui se déroule en direct »

« Carmen » en laboratoire », La Presse

L’importance du dosage

Pour chaque film un « code de mouvement » doit être créé avec soin. C’est une forme d’art! Comme une bande-son ne peut être intense trop longtemps, il faut y aller avec subtilité: personne ne veut être secoué pendant tout un film. Il faut doser les sensations.

On pourrait bientôt revivre des concerts dans la salle de son choix partout dans le monde comme si on y était, bien assis dans un fauteuil D-Box dans son salon

Triotech: du 5D!

La compagnie Triotech se spécialise quant à elle dans les expériences multisensorielles pour les parcs d’attraction et endroits touristiques. Dans le XD Theater, on peut vivre des sensations similaires à celles d’une montagne russe, mais pratiquement sans bouger, bien assis dans une salle. On y projette un film en 3D, on peut avec un fusil de plastique tirer sur l’écran pour tuer des zombies… Pendant que notre siège vibrant donne l’impression de se déplacer en auto, sauter en parachute, ou descendre à toute vitesse dans un wagon de mine!

On utilise aussi du vent pour simuler la vitesse et des flashs de lumières pour le tonnerre et les explosions.

Pour en avoir fait l’essai à plusieurs reprises, l’expérience est très immersive et stimulante! Comme ça ne dure que quelques minutes, on peut y aller à fond avec les effets. Mais là encore, tout est dans le dosage si l’on veut que l’expérience soit immersive et magique. Et un mauvais film, même en ajoutant des vibrations et des bulles, restera un mauvais film…

Avec leur technologie Maestro, il est possible d’utiliser ses mains pour interagir avec l’écran – lancer des objets virtuels à l’écran pour plus d’interaction.

Le défi: emmener les gens en salle

Il est maintenant possible de regarder tellement de films à la maison, sur sa télé, son téléphone, sa tablette, à l’heure qu’on veut, à son rythme, où qu’on soit. Netflix expérimente même avec les séries interactives, où on choisit ce que l’on veut faire – expérience que j’ai trouvé très intéressante!

Pourquoi en 2019 regarder un film dans une salle?

Personnellement, j’évite autant que possible de voir des films en 3D. Non seulement c’est plus cher, mais les films étaient flous, projetés dans des salles ou l’image est sombre et mal calibrée. Et rares sont les filmés en vrai 3D avec deux caméras – et pas en en 3D généré artificiellement en post-production.

… Sans compter les gens qui ne peuvent s’empêcher de discuter du film pendant le film, ou de texter toutes les deux minutes…

Mais c’est une façon de différencier l’expérience au cinéma d’un film à la maison… Et rendre l’expérience magique!

P.

By Pascal Forget

Formateur. Animateur. Podcasteur, chroniqueur et journaliste en technologie et en science.